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Où va le Collège unique ?

Ayant vocation à donner à tou∙tes une scolarité commune obligatoire et gratuite, le collège unique apparu en 1975 avec la réforme Haby, n’a jamais réellement abouti. Faute d’avoir voulu définir des objectifs clairs pour faire rimer massification et démocratisation, programmer les moyens nécessaires, construire des contenus d’enseignement et de pédagogie, la situation dans les collèges est devenue de plus en plus difficile à gérer.

Aujourd’hui, certain∙e·s remettent en cause cette idée fondamentale alors qu’il faut, au contraire la relancer et la renforcer. Faisons le point sur les questions à l’ordre du jour et les objectifs à atteindre.


Sous couvert de « découverte des métiers » et d’une « sensibilisation aux différents cursus possibles », des député∙es LREM ont rédigé une tribune (largement reprise par E. Macron durant sa campagne) où réapparait un vieux cantique de la droite : les classes de relégation dès la 5ème . Dans la pratique, ce dispositif est un retour de l’orientation à ce palier (pourtant supprimé en 1985). Ce tri précoce sera bien entendu d’abord social, et par conséquent, il marque le renoncement au collège unique. Inacceptable !

La CGT Éduc’action s’oppose fermement à toute orientation au cours de la scolarité au collège. Cette dernière se fait largement par défaut, au détriment des élèves les plus fragilisé·e·s scolairement et socialement. L'insertion sociale et professionnelle, l'épanouissement personnel, dans le contexte d'une élévation générale des niveaux de qualification, imposent l'acquisition d'une formation initiale solide et de haut niveau. L'accès à la formation continue durant la vie professionnelle étant corrélé à la réussite lors de la formation initiale, les années collège doivent permettre aux élèves d’acquérir une culture commune qui intègre tous les aspects de la connaissance : littéraire, historique, scientifique, technologique, économique et sociale, artistique et sportive. La CGT Éduc’action s’oppose à la conception d’une École du socle jusqu’à 16 ans pour certain∙es et l’accès au « Bac - 3 / Bac + 3 » pour d’autres. Elle revendique au contraire la prolongation de la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, ce qui nécessite que la fin de la 3ème soit atteinte par l’ensemble d’une classe d’âge.




Parent pauvre du 2nd degré en terme de DHG, le collège subit depuis des années la baisse progressive des moyens. La réforme Vallaud-Belkacem et les aménagements de Blanquer ont contribué à dégrader encore plus les conditions d’étude et de travai

l. Les conséquences se font partout sentir :  Mise en concurrence des disciplines faisant disparaître progressivement les dédoublements ;  Multiplication des heures supplémentaires et des « missions » qui épuisent les personnels ;  Augmentation des effectifs par classe qui nuisent à l’aide aux élèves... Une seule réponse possible : une hausse des DHG et un...

Le collège correspond à un échelon spécifique du système scolaire. Il n’est ni une « école primaire supérieure » comme l’envisage les députés LREM, ni un « petit lycée » comme le rêvent certains élitistes. Pour la CGT Éduc’action, le collège correspond à la phase de développement de l’enfance à l’adolescence au cours de laquelle les jeunes se trouvent parfois en rupture, en porte à faux, avec les adultes et les savoirs. Par conséquent, le collège a besoin de moyens humains spécifiques (infirmier·ères, assistant·es sociaux·ales, psychologues, vie scolaire... ) et d’une pédagogie adaptée pour accompagner au mieux cette transition et permettre à tous les élèves d’aborder la suite de leur formation avec succès.

Le défi majeur du collège est la prise en charge de l’hétérogénéité des élèves. C’est une source d’enrichissement mais aussi une réelle difficulté pour que tous les élèves acquièrent un ensemble de connaissances homogènes alors qu’ils∙elles n’ont pas le même rapport au savoir. L’instauration « d’un système modulaire pour s’adapter au niveau de l’élève » prônée dans le projet Macron II ne peut qu’inquiéter sur les finalités. Doit-on s’attendre à un collège visant l’acquisition des « fondamentaux » pour les un·es et « visant l’excellence » pour les autres ?

Le collège ne parvient toujours pas à réduire les inégalités scolaires et fragilise au contraire les milieux populaires. La baisse des moyens affectés au travail en effectifs réduits et à la remédiation renforce ce problème mais il faut également changer de perspective et envisager le collège en fonction des élèves qui ne disposent que de l’École pour apprendre. Cela implique que la journée des élèves s’arrête à la sortie du collège. Alors que le dispositif « Devoirs faits » a dévoyé cette nécessité, la CGT Éduc’action revendique une heure par jour de

soutien/aide/approfondissement pour tou∙te·s les élèves en groupes réduits (avec co-intervention des enseignant·e·s volontaires sur leur temps de service). Enfin, les programmes doivent être moins encyclopédiques afin de permettre à tou∙te·s de réellement les assimiler. Cela implique également un changement de paradigme pédagogique.

Les options, sections, projets sont trop souvent utilisés pour reproduire au sein du collège les inégalités et la ségrégation sociale présentes au dehors. Elles mettent également les établissements en concurrence renforçant ainsi une politique de territorialisation qui organise une école à deux vitesses au détriment des classes populaires. Exercé par les familles connaissant le système, le chantage du départ vers le privé (présenté comme une alternative crédible à un service public dégradé) engendre trop souvent un glissement de moyens. En effet, des heures prises sur la marge pour mettre en place des dédoublements utiles à tous sont substituées par le financement de tels projets dont bénéficie un nombre réduit d’élèves parfois trié∙s sur le volet.

Imposons collectivement un autre projet d’École et d’autres choix budgétaires


Pour la création de postes dans tous les champs

Pour l’amélioration des conditions de travail et d’études

Pour la fin du tri social organisé

Pour la baisse des effectifs par classe et des dotations suffisantes

Pour une meilleure formation des enseignant·e·s

MOBILISONS NOUS !


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