Au vu des chiffres et des remontées des établissements, la rentrée de septembre 2021 s’annonce pour les établissements du 2nd degré de notre département comme calamiteuse. Ce jugement, certes catégorique, retranscrit l’état d’esprit des personnels, dont les sujets de mécontentement tournent autour de points centraux :
- En premier lieu, la hausse des HSA à la hussarde - avec la généralisation de deux heures sup. obligatoires - entraîne l’écoeurement de nos collègues. Particulièrement celles et ceux qui demandent à bénéficier de temps partiels afin de tenir le coup
– en acceptant de réduire encore leur salaire – face à des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader. - En second les suppressions de postes, parfois « indolores » du fait d’un opportun départ en retraite, parfois à la surprise des personnels et des administrations comme au LP Guéhenno en lettres-anglais ou au LP Marie Lefranc en biotechno… L’augmentation des mesures de carte ou complément de service, l’augmentation des BMP à quotité variable promet des conditions de travail encore plus précaires pour nombre d’enseignants transformés en variables d’ajustement...
Et ces dégradations sont multiples : baisse des dédoublements, baisse des horaires disciplinaires, nouveaux programmes, nouvelles modalités d’examen – parfois très incertaines, ajout de missions telles que l’orientation, la gestion toujours plus étendue de l’inclusion et des suivis pédagogiques toujours plus chronophages, les projets pluridisciplinaires sans heures de concertation, etc.
Et pour boucler le tout, cette baisse de moyens et ces hausses des missions s’effectuent avec des élèves fragilisé·e·s par la pandémie et la catastrophe économique et sociale qui percute les plus fragiles. Alors qu’il faudrait, au contraire, davantage de disponibilité pour accomplir normalement notre travail : instruire et éduquer.
Mais cette analyse, sans doute éloignée de la réalité des Bureaux feutrés des Ministères, fleure trop la France d’avant, celle des Gaulois réfractaires voire des Amish... et non pas celle de la soi-disant France 2.0 qui fait montre depuis le confinement de la supériorité de notre Pays sur le plan sanitaire et de la supériorité de la répression et du mépris sur la négociation et le respect.
Mais revenons à l’Éducation en Morbihan. Notre analyse ne concerne pas la seule formation professionnelle : les collèges se voient ainsi retirer des moyens comme à Anita Conti où la prévision de supprimer le poste de chef d’établissement adjoint menace l’ensemble de cet établissement du fait d’une population scolaire socialement fragilisée (38 % de boursiers dont 43 % de taux 3).
Quant aux lycée généraux et technologiques, les prévisions horaires attribuées sont catastrophiques et vont entraîner des pertes de postes, comme à Colbert en français, en anglais, en maths, en STI… comme à Joseph Loth, etc.
Concernant la Voie pro, on peut estimer que les DGH ne connaissent pas de baisses dramatiques, vu le maintien des effectifs globaux des élèves des Segpa, de l’EREA, des SEP et des LP du Morbihan, et cela malgré une fin d’année sans portes ouvertes… Pour résumer grossièrement, on peut estimer que le dernier étage de la réforme du bac pro pro – arrivée des Term pro nouvelle formule – n’entraîne pas de chute exponantielle des horaires globaux. Cependant, à y regrader plus finement et à lire les remontées des personnels des différents établissements, on s’aperçoit que là aussi le compte n’y est pas pour pouvoir travailler sereinement et accomplir les missions qui nous sont dévolues.
Tout d’abord, la baisse des horaires disciplinaires réduisant les heures d’enseignement général comme celles d’enseignement professionnel (plus que 3h de lettres-histoire pour les term, vous comprendrez monsieur le Dasen en quoi cet exemple est dramatique) compromet profondément la possibilité pour les employé·es et ouvriers·ères de demain, à s’adapter aux évolutions sociales, environnementales et technologiques. Et la présence d’horaires non disciplinaires comme la co-intervention ou le chef d’oeuvre n’augure rien de bon lorsque l’on se rappelle la perte des horaires dévolus aux PPCP (projets pluridisciplinaires à caractère professionnel) au bout de quelques années, il y a 2 réformes de la voie pro.
Comme dans les collèges et lycées généraux et technologiques, la baisse des postes liée à l’augmentation des HSA ainsi que la généralisation des 2 heures sup. et des refus de temps partiels annoncent, sans jouer les auspices qui reniflent le vol des oiseaux, des situations de ruptures dans nombre d’établissements l’année prochaine.
Et cela est d’autant plus inquiétant que vous n’ignorez pas les difficultés de recrutement et de remplacement qui aujourd’hui, impactent le fonctionnement des établissements. Ainsi, des certifié·es sont désormais systématiquement envoyés dans les SEP et LP pour des remplacements qui pourtant pouvaient être anticipés : des temps partiels annualisés comme celui de monsieur Bertoux en maths-sciences sur Guéhenno fait par un certifié maths TZR rattaché à Victor Hugo Hennebont – et personne pour les horaires de sciences…, sur Guer pour le français et l’histoire par une collègue certifiée histoire qui a accepté d’enseigner du français !... Plus grave, aucun poste pour remplacer une collègue de lettre-histoire absente depuis début décembre toujours sur Vannes ! Un enseignant en énergétique sur le Blavet absent depuis novembre sans remplacement… Et le départ en retraite imminent d’un collègue de métallerie sur Vannes, toujours sans remplacement malgré la situation connue depuis au moins 2 ans !
Alors oui, l’inquiétude pour l’année prochaine est de mise. Car comme à Jean Macé, le regroupement de 2 classes de terminales professionnelles sera de 32 élèves et non 24 comme vos services le prévoient. Sur le LP d’Étel, un regroupement de 2 classes à 28 élèves promet une année ardue, pour les élèves comme pour les enseignants. Nous n’allons pas énumérer tous les cas dans cette déclaration, mais nous finirons par le lycée du bâtiment du Blavet, où deux classes de CAP à profil très différents sont regroupées à 26 élèves… Et là aussi, et là surtout, on concentre des élèves en difficulté scolaires et sociales, des élèves en situation de handicap et des élèves allophones…
Pour résumer, Monsieur Blanquer pourra bien se tortiller devant les caméras ou s’acheter un syndicat lycéen fantoche pour se donner une image cool, la réalité du travail dans les établissements, et la souffrance que les logiques austéritaires et les dogmes libéraux entraînent chez les personnels comme chez les élèves ne nous font pas espérer des lendemains qui chantent pour la rentrée prochaine.
Je vous remercie de votre attention.
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